Method Article
* Ces auteurs ont contribué à parts égales
Cette étude présente un nouveau protocole de stimulation transcrânienne à courant continu (tDCS) combiné à une stimulation cognitive pour traiter la négligence hémispatiale post-AVC. Les premières données d’un patient pilote garantissent la faisabilité de la procédure et suggèrent une efficacité potentielle, fournissant ainsi une base pour un futur essai clinique parallèle, en triple aveugle et contrôlé.
L’AVC de l’hémisphère droit entraîne souvent une négligence hémispatiale, une condition invalidante qui peut entraver considérablement le processus de rétablissement. La présence chronique de négligence a été associée à de moins bons résultats dans les domaines cognitif et moteur. En complément des interventions neuropsychologiques conventionnelles, la stimulation transcrânienne à courant continu (tDCS) - une technique non invasive qui module l’excitabilité neuronale par des courants électriques de faible intensité - a attiré l’attention pour son potentiel à améliorer la plasticité corticale et à soutenir l’amélioration fonctionnelle chez les personnes touchées.
Dans cette étude, nous proposons un protocole d’intervention combiné visant à réduire les symptômes de négligence hémispatiale post-AVC. Il s’agit d’un protocole cathodal tDCS combiné à un programme informatisé de réadaptation neuropsychologique spécialement conçu pour la réhabilitation de la négligence hémispatiale.
La stratégie de neuromodulation consiste à réduire l’hyperactivation de l’hémisphère non endommagé sur la base du modèle de rivalité interhémisphérique. L’intervention consiste en 2 semaines, 10 séances (du lundi au vendredi), 45 min chacune, de tDCS et de stimulation cognitive conventionnelle appliquées simultanément. La tDCS est appliquée par un dispositif tDCS haute définition à 8 canaux (HD-tDCS) pendant 20 min et à une intensité de 2 mA. La cathode est positionnée sur le cortex pariétal postérieur gauche (P3 suivant le système 10/20 pour le placement des électrodes d’électroencéphalogramme [EEG]), et les électrodes de retour sont placées en C3, CP5, CP1, Pz, PO3, PO7 et P7. Une évaluation neuropsychologique et fonctionnelle a été réalisée au départ et après la fin de l’intervention.
L’objectif principal de la présente étude est de décrire le protocole d’un plan expérimental parallèle, randomisé et en triple aveugle. Pour s’assurer de la faisabilité du protocole et de son efficacité potentielle, une description complète des procédures appliquées à un seul participant pilote est fournie.
L’intégration de stratégies de neuromodulation tDCS dans les processus de réadaptation cognitive peut conduire à des temps d’intervention raccourcis et à améliorer l’état fonctionnel et la qualité de vie des patients.
L’accident vasculaire cérébral est la cause la plus fréquente d’invalidité dans le monde chez les adultes et la deuxième cause de décès après la cardiopathie ischémique1. La plupart des patients qui ont survécu à un AVC développent des conditions cliniques très hétérogènes et différents degrés d’invalidité. Entre 55 % et 75 % des patients victimes d’un AVC ont des limitations motrices qui persistent 6 mois après la blessure2. En plus des conséquences physiques, les altérations cognitives sont très fréquentes3. Ces déficits affectent négativement la performance des activités de la vie quotidienne, limitant l’indépendance fonctionnelle et la qualité de vie des patients et des proches 4,5. La négligence hémispatiale est l’une des déficiences attentionnelles les plus courantes à la suite d’un AVC, survenant dans environ 25 % à 50 % des cas 6,7,8 et atteignant jusqu’à 80 % chez les personnes ayant subi un AVC de l’hémisphère droit 9,10.
La négligence hémispatiale implique une difficulté à s’occuper de l’hémichamp controlatéral à la zone blessée, étant cette inattention allocentrique (omettre les objets situés dans la moitié gauche de l’espace) ou égocentrique (le patient ne s’occupe pas des parties gauches de son propre corps). Sur le plan fonctionnel, la négligence génère de graves difficultés d’indépendance du patient, tant dans les activités de base (par exemple, se toiletter, s’habiller, manger, etc.) que dans les activités instrumentales de la vie quotidienne (par exemple, la gestion de l’argent, les transports en commun ou la marche autonome). De plus, la présence de cette altération a été associée à des temps d’hospitalisation et de réadaptation plus longs, à un risque plus élevé de chutes, à une mauvaise récupération motrice et à une probabilité plus faible de rentrer à la maison après avoir quitté l’hôpital11,12.
Plusieurs stratégies ont été mises en œuvre pour traiter la négligence hémispatiale. Dans les approches traditionnelles de réadaptation, on peut distinguer les approches descendantes et les approches ascendantes. La principale différence entre eux est le niveau de participation active et de conscience de la personne dans les tâches. Dans le cadre de ces approches, les procédures les plus largement utilisées à ce jour ont été l’entraînement au balayage visuel et l’adaptation prismatique, respectivement13. Autres techniques de réadaptation en négligence hémispatiale avec une large utilisation Localisation centrale, stimulation optocinétique, calorique et vestibulaire, vibration du cou et traitements pharmacologiques 13,14,15,16. Cependant, ces traitements ont certaines limites : la durée de leurs résultats est très limitée et ils ont une faible applicabilité dans les phases aiguës ou subaiguës car la sévérité des patients dans ces phases interfère avec leur collaboration dans les activités à effectuer17.
La stimulation transcrânienne à courant continu (tDCS) est une technique de neuromodulation non invasive et sûre capable de modifier l’activité corticale en induisant un faible courant électrique dans le cerveau qui modifie l’activité corticale, et elle peut être utilisée pour compléter la réadaptation neuropsychologique pour la négligence hémispatiale. La tDCS module l’activation neuronale spontanée en réponse à des entrées provenant d’autres zones du cerveau. De plus, la tDCS induit des changements synaptiques plastiques qui ressemblent à une potentialisation à long terme (LTP) ou à une dépression à long terme (LTD) et durent même au-delà de la durée de la stimulation18.
Au moyen de la tDCS, l’activité corticale peut être modulée en appliquant un courant électrique de très faible intensité qui circule de l’anode à la cathode. La tDCS module l’activité cérébrale en influençant le seuil du potentiel d’action, en l’augmentant ou en le diminuant, mais sans provoquer de potentiels d’action18. En général, l’anode induit une augmentation de l’excitabilité de la région cérébrale sur laquelle elle se trouve, tandis que la cathode induit une inhibition corticale. Cette technique n’a pas une haute résolution spatiale, mais cette limitation a été surmontée par l’apparition de nouveaux dispositifs tDCS appelés multisites ou haute définition (HD-tDCS). Ces dispositifs permettent différentes configurations d’électrodes, comme la formation d’un anneau cathodal autour de l’anode (ou vice versa) afin d’augmenter ou de diminuer l’excitabilité corticale dans une zone spécifique du cerveau. L’anneau cathodique agit de la même manière que les électrodes de retour, limitant la zone de stimulation ; De cette façon, une stimulation plus focale est obtenue. La tDCS s’est avérée efficace en tant qu’approche thérapeutique pour la récupération motrice après un AVC19, et il existe une littérature scientifique avec des résultats prometteurs dans la réhabilitation de la négligence hémispatiale20.
L’hypothèse la plus acceptée de la négligence hémispatiale soutient qu’elle pourrait être expliquée sur la base du modèle de rivalité hémisphérique, proposé par Kinsbourne en 197721,22. Selon cette approche, à l’état basal, les deux hémisphères s’inhibent constamment l’un l’autre de manière réciproque ; La négligence hémispatiale est causée par un déséquilibre entre eux. Après une blessure, l’hémisphère endommagé n’est pas en mesure d’inhiber efficacement l’activité de l’hémisphère préservé. Il en résulte une hyperactivité pathologique de l’hémisphère sain en raison de l’absence d’inhibition exercée par l’hémisphère endommagé, ce qui réduit, encore plus, l’activité neuronale de l’hémisphère affecté en raison de l’inhibition accrue exercée sur celui-ci23. Par conséquent, le dysfonctionnement qui sous-tend la négligence hémispatiale est causé à la fois par l’hypoactivité de l’hémisphère endommagé et l’hyperactivité de l’hémisphère intact24.
Avec ce modèle comme base théorique, différentes stratégies de stimulation cérébrale non invasives visant à améliorer les symptômes de négligence hémispatiale sont proposées. Ces stratégies visent à diminuer l’hyperactivité de l’hémisphère sain, à augmenter l’activité de l’hémisphère blessé ou à combiner les deux25,26.
Plusieurs études ont montré le potentiel de la tDCS dans la réduction de la symptomatologie de la négligence hémispatiale en appliquant à la fois la tDCS anodale 17,27,28,29 et cathodale 17,29 dans l’hémisphère blessé ou non endommagé, respectivement, ou une combinaison des deux 28,30,31,32. Malgré des résultats prometteurs, davantage de preuves empiriques sont nécessaires pour connaître les paramètres exacts de la tDCS afin d’obtenir des résultats optimaux, ce qui est essentiel pour savoir si la tDCS focale est plus efficace que les montages tDCS conventionnels. À notre connaissance, toutes les recherches précédentes ont été développées à l’aide de la tDCS conventionnelle, la présente étude étant la première à utiliser la HD-tDCS pour la réhabilitation de la négligence hémispatiale.
Les interventions basées sur la stimulation cérébrale non invasive constituent une approche clinique très prometteuse compte tenu des résultats à jour et des effets indésirables limités selon différentes méta-analyses et revues 33,34,35,36,37. De plus, la tDCS est une technique très sûre, portable et peu coûteuse, c’est pourquoi son utilisation est devenue une priorité dans les milieux cliniques et de recherche. De plus, sa facilité d’assemblage et de portabilité permet à l’appareil d’être utilisé simultanément avec la réalisation de toute autre activité, telle que la réadaptation physique, cognitive ou les activités fonctionnelles. Ainsi, un plus grand nombre d’études contrôlées, en aveugle et randomisées avec des échantillons de plus grande taille sont nécessaires pour valider les protocoles tDCS qui améliorent les effets des approches d’intervention conventionnelles.
Ce projet a été approuvé par le Comité d’éthique de la recherche clinique de l’hôpital 12 de Octubre (réf. Nº CEIm : 19/180), et il est enregistré au www.clinicaltrials.gov (ID : NCT04458974). Les chercheurs s’engagent à respecter toute la législation en vigueur en matière de recherche clinique et de protection des données (Déclaration de l’AMM d’Helsinki, 2004 ; Règlement (UE) 2016/679 et loi organique 3/2018 sur la protection des données à caractère personnel ; Loi 41/2002 sur l’autonomie du patient). Conformément au Règlement (UE) 2016/679 relatif à la protection des données à caractère personnel, toutes les données collectées auprès des participants seront traitées avec une stricte confidentialité. Le protocole tDCS suit les directives de sécurité internationales pour la tDCS38.
REMARQUE : L’objectif principal de la présente étude est de décrire un protocole d’intervention tDCS pour un essai clinique parallèle, randomisé et en triple aveugle. Pour ce faire, une description complète des procédures est fournie, et les résultats d’une demande de participation au projet pilote sont présentés dans le présent document. Le protocole d’intervention consiste en un programme de 10 séances combinant la tDCS cathodique (20 min, 2 mA) avec un programme informatisé de réadaptation neuropsychologique conçu pour améliorer la négligence hémispatiale. Des évaluations neuropsychologiques et fonctionnelles sont effectuées au départ et après la fin de l’intervention. La figure 1 montre la chronologie du protocole. La figure montre l’évaluation de base, la description détaillée de l’intervention et l’évaluation post-intervention de l’étude. La participation des patients était volontaire après avoir été informés de l’objectif de l’étude et avoir signé un formulaire écrit de consentement éclairé. Le participant peut se retirer de l’étude à tout moment. Le participant à cette étude répond à tous les critères d’inclusion et d’exclusion décrits dans le tableau 1.
Figure 1 : chronologie du protocole. Toutes les étapes de l’étude sont décrites : évaluation de base, description détaillée de l’intervention et évaluation post-intervention. Veuillez cliquer ici pour voir une version agrandie de cette figure.
1. Critères d’inclusion et d’exclusion
Critères d’inclusion : |
Accident vasculaire cérébral hémorragique ou ischémique dans l’hémisphère droit |
Accident vasculaire cérébral : 3 à 12 mois depuis l’événement (qu’ils aient ou non bénéficié d’une réadaptation préalable) |
De 18 à 89 ans |
Etude de neuroimagerie |
Absence d’AVC antérieurs |
Capacité fonctionnelle qui permet au patient de rester assis et actif pendant une heure (score de l’indice de Barthel supérieur à 5 dans l’item des transferts entre la chaise et le lit ; cet item peut être noté de 0 à 15, étant 0 totalement dépendant et 15 totalement indépendant). |
Domination manuelle pour droitier |
Scores de négligence à au moins deux des tests administrés pour l’évaluation de la négligence visuospatiale |
Signature du consentement éclairé par le patient ou son tuteur légal |
Critère d’exclusion : |
Problèmes dermatologiques (psoriasis, dermatite du cuir chevelu ou du visage) |
Présence d’implants ou de pièces métalliques dans la tête à l’exclusion des obturations. |
Stimulateurs cardiaques, pompes à médicaments, stimulateurs (vagal, cérébral, transcutané), shunts ventriculo-péritonéaux ou clips d’anévrisme. |
Présence d’accidents vasculaires cérébraux antérieurs |
Maladie neurologique autre qu’un accident vasculaire cérébral décrite dans les critères d’inclusion |
Troubles cognitifs sévères évalués à l’aide du Mini-mental state examination (MMSE) (Folstein, 1975), à l’exclusion des patients ayant des scores inférieurs à 24 (les scores du MMSE sont compris entre 0 et 30, soit 0 pour un trouble cognitif sévère et 30 pour aucun trouble cognitif) |
Difficultés langagières importantes qui ne permettent pas une bonne compréhension des activités ou limitent fortement l’expression |
Antécédents d’abus d’alcool ou de drogues |
Dépression active modérée ou sévère |
Problèmes médicaux non contrôlés (pathologies en phase aiguë sans traitement médical ou pharmacologique à l’efficacité prouvée ou pathologies à risque vital imminent) |
Grossesse ou suspicion de grossesse qui sera vérifiée par un test de grossesse au début de l’étude chez les patientes en âge de procréer et avec la recommandation de l’utilisation de méthodes contraceptives jusqu’à la fin de l’intervention |
Tableau 1 : Critères d’inclusion et d’exclusion. Le participant pilote de cette étude répond à tous les critères d’inclusion et d’exclusion décrits dans ce tableau.
2. Matériaux
REMARQUE : Tous les matériaux utilisés dans toutes les phases de l’étude sont méticuleusement décrits.
Figure 2 : kit d’appareil tDCS. (1) Capuchon en néoprène, (2) appareil tDCS, (3) électrodes, (4) câbles, (5) clip d’oreille, (6) gel conducteur ; (7) Seringue pour administrer le gel conducteur sous les électrodes. Veuillez cliquer ici pour voir une version agrandie de cette figure.
Figure 3 : Planification des séances de la plateforme de neuroréadaptation. En cliquant sur chaque session, les tâches s’affichent, y compris la durée de chaque tâche et la durée totale de la session. Veuillez cliquer ici pour voir une version agrandie de cette figure.
3. Description du protocole d’évaluation : Évaluation neuropsychologique et fonctionnelle pré-intervention :
REMARQUE : Une fois que le participant a signé le consentement éclairé, une évaluation neuropsychologique et fonctionnelle est effectuée. L’évaluation a lieu le vendredi précédant le début du programme de stimulation et dure 50 min. Au cours de cette séance, les performances cognitives générales sont évaluées, et des tests neuropsychologiques axés sur l’évaluation des processus attentionnels et de la négligence hémispatiale sont administrés, ainsi que des échelles fonctionnelles. Lors d’une séance d’information précédant la première évaluation, le participant reçoit tous les détails nécessaires sur l’objectif de l’étude, la procédure, la durée de la session et les effets indésirables potentiels. Le consentement signé est obtenu avant de procéder à l’évaluation et à l’intervention. Le participant est également informé de la possibilité de se retirer de l’étude à tout moment.
4. Description du protocole d’intervention
Figure 4 : Montage HD-tDCS représentatif. La couleur bleue indique l’emplacement des électrodes suivant le système international 10-20 pour le placement des électrodes. Veuillez cliquer ici pour voir une version agrandie de cette figure.
Figure 5 : Modèle de calcul de la HD-tDCS appliquée. La distribution du courant électrique est focalisée dans l’électrode centrale (active) (P3), limitant la stimulation à une zone spécifique par les électrodes de retour (C3, CP5, CP1, Pz, PO3, PO7, P7). Veuillez cliquer ici pour voir une version agrandie de cette figure.
Figure 6 : Capuchon en néoprène pour la stimulation HD-tDCS. Le capuchon a des trous pour placer les électrodes selon le système de classification 10/20 pour l’EEG. Veuillez cliquer ici pour voir une version agrandie de cette figure.
Figure 7 : Planification des tâches. Paramètres à sélectionner lors de la programmation de chaque tâche dans la plateforme de neuroréhabilitation informatisée. Veuillez cliquer ici pour voir une version agrandie de cette figure.
Bloquer | Session | Tâches de la plateforme de neuroréhabilitation | Durée |
Je | 1, 3, 6 et 8 | · Lettres cachées | 7 min pour chacune des tâches. |
· Somme des chiffres | |||
· Soupe aux lettres | |||
· Trouver des formes assorties | |||
II | 2, 4, 7 et 9 | · Copie de matrices de lettres | |
· Le petit carcajou | |||
· Recherche de numéros manquants | |||
· Comparer des textes | |||
III | 5 et 10 | · Comparaison de texte | |
· Somme des chiffres | |||
· Le petit glouton | |||
· Recherche de stimuli consécutifs |
Tableau 2 : Tâches incluses dans chacune des 10 séances d’intervention. Toutes les tâches sont incluses dans la plateforme de neuroréhabilitation informatisée.
Avez-vous l’une des sensations ou symptômes suivants ? | Classement de la gravité (1–4) | Le cas échéant : relation avec la tDCS ? |
1-Absent | 1-Aucun | |
2-Doux | 2-Télécommande | |
3-Modéré | 3-Possible | |
4-Sévère | 4-Probable | |
5-Définitif | ||
Mal de tête | ||
Douleur au cou ou aux cervicales | ||
Douleur au cuir chevelu | ||
Brûlure du cuir chevelu | ||
Sensations sous l’électrode (picotements, démangeaisons, brûlures, douleurs) | ||
Rougeurs cutanées | ||
Engourdissement | ||
Problème de concentration | ||
Sautes d’humeur aiguës | ||
Autres (préciser) | ||
Commentaires supplémentaires |
Tableau 3 : questionnaire sur les effets secondaires de la tDCS. Une liste des effets indésirables qui peuvent apparaître après l’application de la stimulation est fournie. La présence ou l’absence de chacun de ces effets est enregistrée immédiatement après l’application de la stimulation. Adaptation du questionnaire des sensations liées à la stimulation électrique transcrânienne39.
5. Retrait de la tDCS
6. Évaluation neuropsychologique et fonctionnelle post-intervention
L’objectif principal de la présente étude est de décrire un protocole d’intervention tDCS pour un essai clinique parallèle, randomisé et en triple aveugle. Pour étudier la faisabilité de l’intervention, le protocole a été appliqué à un seul participant ; Les résultats sont présentés dans cet article.
Nous avons appliqué le protocole d’intervention complet à un homme de 57 ans ayant un niveau d’éducation élevé (diplôme en journalisme) qui avait subi un accident vasculaire cérébral dans les ganglions de la base droite neuf mois auparavant et qui répondait à tous les critères d’inclusion pour participer à l’étude.
Les résultats avant et après l’intervention (voir le tableau 4 et la figure 8) sont présentés pour toutes les tâches administrées. Dans l’évaluation post-intervention, des changements quantitatifs ont été observés dans 6 des 13 variables mesurées, dont 4 sont directement liées à la négligence.
Évaluations | ||
Pré-intervention | Après l’intervention | |
Test MMSE | 29 | 29 |
Test des cloches | 21 | 25* |
Test d’annulation | 24 | 28* |
Test de dessins | 12 | 12 |
Essai de bissection | 19.95 | 3.47* |
Test BTA | 11 | 9 |
Visages touchés | 11 | 9 |
Erreurs de visage | 3 | 2* |
Test des chiffres directs | 11 | 10 |
Test des chiffres inverses | 9 | 8 |
Sans moteur | 26 | 29* |
Test de Barthel | 25 | 30* |
CBS | 20 | 20 |
Tableau 4 : Résultats des évaluations pré et post-intervention. Les résultats de l’évaluation neuropsychologique et fonctionnelle avant et après l’intervention sont présentés par des scores directs. *Améliorations quantitatives de la performance dans l’évaluation post-intervention par rapport à la ligne de base. **Les valeurs plus éloignées du score 0 indiquent une moins bonne performance et une plus grande négligence.
Figure 8 : Résultats de l’évaluation avant et après l’intervention. Des valeurs plus élevées indiquent un changement positif, sauf dans le test de bissection de droite, où l’amélioration est représentée par des scores plus faibles. Les résultats sont présentés sous forme de scores directs. *Améliorations quantitatives de la performance dans l’évaluation post-intervention par rapport à la ligne de base. Veuillez cliquer ici pour voir une version agrandie de cette figure.
Le pourcentage d’amélioration entre l’évaluation avant et après le traitement a été calculé. Une amélioration clinique a été observée dans les tests spécifiques de négligence hémispatiale : test de Bells, test d’annulation, bissection de ligne, test de perception visuelle sans moteur et échelle d’indice de Barthel. D’autre part, des changements négatifs ont été observés dans d’autres tâches attentionnelles (test des doigts, test bref de l’attention, test du visage). Enfin, aucun changement n’est apparu dans le MMSE, la copie des dessins ou l’échelle fonctionnelle de Catherine Bergego (CBS) (voir la figure 9).
Figure 9 : Pourcentage de changement entre l’évaluation initiale et l’évaluation post-intervention. Les résultats sont exprimés en pourcentage. Les scores positifs indiquent un changement positif, sauf dans le test de bissection de ligne, où l’amélioration est représentée par des scores négatifs. *Pourcentage d’amélioration positive lorsque l’on compare les évaluations avant et après l’intervention. Veuillez cliquer ici pour voir une version agrandie de cette figure.
Les procédures d’étude ont été réalisées dans des salles spacieuses équipées pour le bon déroulement des séances d’évaluation et d’intervention et le respect des mesures de sécurité et d’hygiène.
Quant au patient, il n’a manifesté de fatigue dans aucune des séances de pré et post-évaluation, il n’a donc pas été nécessaire de se reposer dans aucune d’entre elles. Le traitement a été évalué par le patient comme étant divertissant et stimulant, ce qui a amélioré l’observance du traitement et la collaboration active tout au long de la procédure. Par conséquent, il est considéré que le protocole aurait une grande faisabilité, et nous poursuivrons l’étude en suivant la procédure établie.
En termes d’inconfort et d’effets secondaires, le participant n’a ressenti aucun effet secondaire modéré ou sévère lié à l’application de la tDCS.
La négligence hémispatiale est une conséquence cognitive fréquente de l’AVC et, lorsqu’elle persiste, elle a tendance à avoir un impact négatif sur l’efficacité du processus de réadaptation. L’efficacité et l’efficience des approches thérapeutiques disponibles peuvent être améliorées en incluant des techniques de stimulation cérébrale non invasives dans la neuroréadaptation, à la recherche d’un effet synergique 40,41. Ainsi, grâce à la tDCS, nous pouvons augmenter l’efficacité de l’intervention conventionnelle, en obtenant une meilleure récupération, des temps de rééducation plus courts et de meilleurs résultats fonctionnels dans la réadaptation du patient victime d’un AVC par rapport à une intervention conventionnelle isolée. La recherche sur le potentiel de la tDCS dans les troubles neurologiques et psychiatriques a augmenté de façon exponentielle au cours de la dernière décennie 42,43,44,45,46,47,48,49.
De plus, le coût de la tDCS est abordable et l’appareil est portable, ce qui le rend hautement évolutif, ce qui permet son application à la fois dans les cliniques externes et les hôpitaux, avec la formation professionnelle requise50.
Nous avons constaté une amélioration après le traitement dans quatre des treize tests administrés (test de cloches, test d’annulation, section de la ligne, test de perception visuelle sans moteur). Les tests où nous avons observé ces changements positifs sont liés aux performances associées à la négligence hémispatiale. D’autre part, une stabilisation a été observée dans la réalisation de certains tests liés aux performances cognitives générales, aux processus attentionnels et/ou à la mémoire de travail (MMSE, dessins, CBS). Une réduction a été observée dans la performance de certaines autres tâches (BTA, Faces, chiffres directs et inverses).
En ce qui concerne les échelles fonctionnelles, il y avait des preuves d’amélioration, signalées par le principal dispensateur de soins et évaluées par l’échelle de l’indice de Barthel. L’échelle fonctionnelle de la SCS, qui est directement liée à l’impact de la négligence sur la vie quotidienne, a également été administrée et, dans ce cas, aucun changement n’a été mis en évidence, demeurant stable par rapport à l’évaluation précédente. Dans cette étude, nous avons constaté les bénéfices du traitement combiné pour certains domaines cognitifs mais pas pour d’autres. Ces résultats sont cohérents avec l’idée que le traitement pourrait être plus bénéfique pour certains domaines attentionnels 51,52,53,54,55,56,57. Certaines études montrent comment des protocoles spécifiques de tDCS induisent des altérations durables de l’excitabilité et de l’activité corticales58. Afin de pouvoir analyser le maintien des changements au-delà d’une semaine, il serait conseillé de réaliser un nouveau bilan après une période de temps plus longue 53,54,55,56,57.
La tDCS haute définition ou haute résolution, utilisée dans cette étude, est une version techniquement améliorée de la tDCS qui permet d’augmenter la focalité de la stimulation en utilisant un anneau d’électrodes de retour autour d’une anode ou d’une cathode pour augmenter ou diminuer, respectivement, l’excitabilité corticale d’une manière beaucoup plus focale59. Sur la base de cette focale élevée et de la tolérabilité et des effets antérieurs de l’étude HD-tDCS de Borckardt et al.60, l’utilisation de la HD-tDCS a augmenté ces dernières années.
Des études de modélisation indiquent que cette configuration d’électrode génère l’intensité de champ électrique (FE) la plus élevée sous l’électrode cible, le flux de courant cérébral étant limité par le rayon de la configuration de l’anneau 4 x 1 et, par conséquent, un champ électrique plus important sur la cible sélectionnée par rapport au placement d’électrode conventionnel 60,61,62. Les électrodes de retour contribuent à isoler la zone ciblée, ce qui permet une stimulation cérébrale plus ciblée et produit des effets plus durables que la tDCS63 conventionnelle.
De plus, selon certaines études, la HD-tDCS a des effets plus durables. Dernièrement, la recherche clinique s’est intéressée à ce protocole. À notre connaissance, seules six études ont été menées avec la HD-tDCS dans les maladies neurologiques, trois essais contrôlés randomisés, deux rapports ouverts et un rapport de cas (voir la revue49).
Bien qu’il n’y ait pas de consensus total sur les zones anatomiques liées à la négligence hémispatiale, il semble y avoir un certain accord sur certaines zones spécifiques. Le cortex pariétal postérieur semble être la zone clé de l’altération 64,65,66, et à l’intérieur de cette zone, le gyrus angulaire 64,65,67,68,69, le sillon intrapariétal 64,69,70, la jonction temporopariétale 69,71 et le gyrus supramarginal65,72,73,74.
Étant donné que l’avantage de la HD-tDCS par rapport à la tDCS conventionnelle est d’augmenter la précision de la cible de stimulation et sur la base de la connaissance d’une localisation précise de la présence de négligence hémispatiale, on peut s’attendre à obtenir des avantages plus importants de la stimulation focale par rapport à une stimulation plus générale ou diffuse. Pendant ce temps, la configuration la plus utilisée dans les études de neurologie est le montage 4 x 1 75,76,77,78,79. Dans notre étude, nous avons utilisé une configuration 7 x 1 dans le but d’augmenter encore plus la focalité de la stimulation, étant la première étude utilisant ce montage dans la réhabilitation clinique de la négligence. Par conséquent, d’autres recherches doivent être menées dans cette condition clinique et dans d’autres conditions cliniques pour déterminer la supériorité ou l’efficacité de ce montage HD-tDCS par rapport à d’autres montages HD et tDCS conventionnels.
En ce qui concerne l’intensité, 2 mA sont appliqués dans ce protocole, comme dans la plupart des études avec tDCS, quel que soit le montage ou la configuration utilisée. Il serait intéressant de comparer le même protocole avec des intensités plus faibles et plus élevées dans d’autres études pour déterminer l’effet des différentes intensités appliquées.
Certaines recommandations utiles en matière de sécurité et de dépannage technique doivent être prises en compte avec le protocole actuel. Chez chaque patient, mais surtout chez les patients victimes d’un AVC, les problèmes de sécurité doivent être soigneusement évalués. Bien que la tDCS chez les patients victimes d’un AVC soit sûre et bien tolérée80, les patients et leurs familles ont parfois des doutes à ce sujet. Ainsi, des informations compréhensibles doivent être transmises à l’avance et discutées avec le patient et ses proches, en veillant à ce qu’ils comprennent la procédure et puissent abandonner le protocole quand ils le souhaitent.
D’autre part, dans ce protocole, l’emplacement exact de la lésion a été considéré et enregistré, car nous sommes prêts à comparer l’effet du protocole sur la négligence hémispatiale après des lésions corticales (par exemple, l’artère cérébrale moyenne droite)69 et après des lésions sous-corticales (par exemple, les ganglions de la base)81. Dans ce contexte, il est crucial d’évaluer l’efficacité de la technique à la lumière de l’hétérogénéité des localisations des lésions. Plus précisément, nous devons analyser les variations d’efficacité concernant les lésions corticales par rapport aux lésions sous-corticales.
En ce qui concerne la phase de l’AVC, lors de l’application de la stimulation (aiguë, subaiguë ou chronique), il est important de connaître le moment où l’intervention pourrait être la plus bénéfique. Dans cette étude, nous avons utilisé comme critère d’inclusion 3 à 12 mois depuis la blessure (phase subaiguë). Cependant, une revue systématique précédente s’est concentrée sur les aspects moteurs après un AVC, et les résultats ont montré des améliorations dans les phases chroniques, mais pas dans la phase aiguë (dans les 3 premiers jours suivant l’apparition des symptômes)82. Des recherches plus approfondies sont nécessaires pour explorer les avantages de la tDCS sur les altérations cognitives post-AVC et pour identifier les facteurs qui prédisent son efficacité optimale à différents stades de la récupération.
Les connaissances actuelles sur la HD-tDCS en tant qu’approche thérapeutique dans les maladies neurologiques soutiennent sa tolérabilité et son efficacité clinique. En outre, d’autres recherches contrôlées randomisées sont nécessaires pour déterminer les paramètres optimaux dans chaque maladie et chaque patient afin d’établir l’efficacité de cette technique de stimulation cérébrale non invasive dans les troubles neurologiques et au-delà.
Les auteurs n’ont rien à divulguer.
Nous remercions NeuronUp (www.neuronup.com) pour son soutien et sa collaboration désintéressée dans ce projet.
Name | Company | Catalog Number | Comments |
10 electrode cable | Neuroelectrics | NE017 | |
Barthel Index | N/A | Mahoney, F. I., Barthel, D. W. Functional evaluation: The Barthel Index. Md State Med J. 14, 61–65 (1965). | |
Copy of drawings subtest | N/A | https://test-barcelona.com/es/tienda.html | J. Peña Casanova, Programa integrado de exploración neuropsicológica: test Barcelona revisado?: TBR. Barcelona: Masson. |
Curved Syrenge | Neuroelectrics | NE014 | |
Electrode Gel | Neuroelectrics | NE016a | |
Line bisection test | N/A | Schenkenberg, T., Bradford, D. C., Ajax, E. T. Line bisection and unilateral visual neglect in patients with neurologic impairment. Neurology. 30 (5) 509–517 (1980). | |
Mini-mental state examination (MMSE) | N/A | Folstein, M. F., Folstein, S. E., McHugh, P. R. “Mini-mental state”. A practical method for grading the cognitive state of patients for the clinician. J Psychiatr Res. 12 (3) 189–198 (1975). | |
Neoprene headcap | Neuroelectrics | NE019-M | |
Saline Solution | Neuroelectrics | NE033 | |
Satrstim Necbox | Neuroelectrics | NE012 | |
Starstim tES-EEG System | Neuroelectrics | ||
Teastboard Cable | Neuroelectrics | NE039 | |
Testboard Head | Neuroelectrics | NE038 | |
The Bell Test | N/A | https://strokengine.ca/en/assessments/bells-test/ | L. Gauthier, F. Deahault and Y. Joanette, The Bells Test: A quantitative and qualitative test for visual neglect (Vol. 11). |
The Catherine Bergego Scale | N/A | Azouvi, P. et al. Behavioral assessment of unilateral neglect: study of the psychometric properties of the Catherine Bergego Scale. Arch Phys Med Rehabil. 84 (1) 51–57 (2003). | |
The motor-free visual perception test (MVPT) | N/A | https://www.wpspublish.com/mvpt-4-motor-free-visual-perception-test-4 | Colarusso, R. P., Hammill, D.D. The Motor Free Visual Perception Test (MVPT-3). Navato, CA: Academic Therapy Publications (2003). |
USB Bluetooth Dongle | Neuroelectrics | NE031 | |
USB charging Cable | Neuroelectrics | NE043 | |
USB Power Adapter & Power Supply Plug | Neuroelectrics | NE013 & NE013a, NE013b, NE013c | |
USB Stick with Manuals & NIC SW | Neuroelectrics | NE015 |
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